Écritures ouvertes

Ces performances à caractère unique se déroulent principalement dans des sites naturels ou patrimoniaux. Unique parce qu’en prise directe avec l’environnement qui vibre différemment selon les heures, les jours, le climat, la présence des spectateurs. Il s’agit d’un « accord ».

Le premier temps dans un nouveau lieu est un temps de réceptivité, de mise à l’écoute pour capter sa nature, sa « gestalt ».
Dans un deuxième temps les danseurs évoluent librement, sans but ni contrainte autre que d’instituer un dialogue avec l’environnement, une relation. Peu à peu de cet échange des moments chorégraphiques naissent d’eux-même donnant lieu à des « modules » indépendants les uns des autres sans souci de chronologie ni de composition.
Le chorégraphe, dans un troisième temps, détermine avec les interprètes un certain nombre de ces modules, qu’ils auront la possibilité de colorer et de faire évoluer au gré de leurs sensations et de la vibration du moment. Joue-t-on à l’aube, à midi, de nuit sous les étoiles?
Rendre visible ce qui n’e l’est pas à priori.

Les différents matériaux pour appréhender la nature singulière de chaque lieu sont: les formes, les qualités d’espaces, la relation aux directions dans l’espace, le rapport à la gravité, les bruissements, les souffles, bref, tous ces éléments qui composent la musique du paysage.
Le spectateur y participe lui-même en créant pour lui une relation harmonieuse ou contradiction entre le mouvement et le regard.

L’espace et le temps sont un. Dès lors un soin particulier, de la même manière, est apporté à la notion de temporalité. Le paysage qui à priori semble figé est ressenti comme en évolution constante mais vu dans un mouvement retenu, suspendu, d’où une certaine tension poétique qui fait que chaque instant résonne singulièrement. Du minéral au végétal puis à la chair des interprètes, le temps coule selon des rythmes différents. Par « décentrement » le danseur entre en résonance avec ces instants d’espace dont la durée fugitive persiste.

L’expérience du travail avec les oiseaux et l’importance de l’aléatoire qu’ils apportent au jeu de l’interprète, est ici mise à profit pour des chorégraphies inscrites dans le moment présent où Le fragile et l’intemporel se conjuguent le temps d’une partition éphémère.